On ne parle finalement que très peu de l’Europe du digital. Nous n’avons d’yeux que pour les GAFA et autres BATX, nous rêvons de partir à la conquête du monde en général et de l’Amérique en particulier.
Nous observons avec sidération ce digital chinois qui s’apprête à déferler sans bruit sur l’Europe et dans nos vies… Nous sommes fascinés par ces disruptions qui s’enchainent à un rythme effréné, suspendues aux sorties de nouveaux concepts et leurs acronymes qui claquent - RTB, VR, IOT, IA, etc. - inquiets de manquer celui qui pourrait faire toute la différence.
Et pourtant, nous avons en Europe des dizaines de mini Silicon Valley créatives et performantes, des millions de jeunes talents, un réseau de métropoles tout aussi attractif que San Francisco, Austin ou Seattle. Inutile et impossible de les citer toutes ici : Barcelone, Berlin, Dublin, Lisbonne etc. Et sans compter cet incroyable foisonnement français de Nantes à Aix, de Lille à Montpellier, en passant par Bordeaux, Lyon etc. Ce fourmillement et cet éparpillement sont paradoxalement une richesse, notre marque de fabrique française et européenne. Le digital partout, pour tous, en réseau et en mouvement. Mais nous continuons à rêver de New York ou de Palo Alto.
Je me demande, je nous demande alors qu’avons-nous fait et que faisons-nous pour ne pas devenir une simple usine à startups et à coder, un grand réservoir de main d’œuvre ultra qualifiée pour le reste du monde ? La réponse ne peut être qu’européenne. Car nous produisons déjà à l’échelle européenne les meilleures matières premières digitales au monde.
« L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera d’abord par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait » Robert Schuman
Et demandons-nous comment donner plus de priorité aux marchés et clients potentiels européens qu’au reste du monde.
Comment nous mailler notamment et plus fortement avec nos voisins les plus proches, allemands, espagnols, belges ou italiens. Partage, réseaux, alliances, rachats, fusions : pourquoi ne pas faire à l’échelle européenne ce que nous faisons à l’échelle française ? Il me semble possible et nécessaire de rapprocher et d’Européaniser des événements digitaux, nos organisations professionnelles, nos incubateurs et autres « startup tours ».
Je souhaiterais ici nous inciter à (re)lancer la construction très concrète de cette Europe du digital qui nous tend les bras. Les instances européennes ont pris le sujet à bras le corps, ont tracé un chemin. Imparfait et critiquable sans aucun doute. Mais cela ouvre la voie et des perspectives que nous devrions saisir maintenant. Aujourd’hui. Demain. Sans attendre. Après demain il sera trop tard…
Par David Schwarz, Senior Vice President Ecommerce & New Digital Activities, Carrefour Group
Pour en savoir plus sur l’Europe du Digital
Dans un rapport, la commission numérique fait état des actions nécessaires pour façonner l’avenir numérique de l’Europe. “Il est essentiel de coordonner les efforts entre l’UE, les États membres, les régions, la société civile et le secteur privé pour atteindre cet objectif et renforcer le leadership numérique européen.”
La Commission Européenne publie des articles sur la stratégie digitale européenne.
en savoir plus : https://ec.europa.eu/digital-single-market/en