La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et la transition vers une société numérique responsable sont désormais au cœur des préoccupations. Les défis environnementaux, liés notamment à nos équipements électroniques et à notre empreinte écologique numérique, sont nombreux. Retour sur ces enjeux et les solutions à explorer pour construire un avenir durable.
En 2023, l’humanité consommait l’équivalent des ressources d’ 1,75 planète au niveau mondial. Si toute l'humanité vivait avec le niveau de consommation d'un Français moyen, il faudrait 2,8 planètes ! Le numérique a un impact significatif sur le réchauffement climatique en raison de la demande croissante en énergie pour la production d'appareils électroniques et le fonctionnement des centres de données. Il est essentiel de prendre des mesures pour réduire cette empreinte écologique numérique et promouvoir des pratiques éco-responsables. Pour sensibiliser les participants de la Summer édition 2023, Morgane Lecomble, formatrice professionnelle de l'association 2Tonnes, nous a rappelé, dans le cadre de l’atelier “En’train pour le climat”, les défis liés au réchauffement climatique. Pour aller plus loin, Guillaume Thibaux, co-fondateur de Quanta, a ensuite animé une keynote mettant l'accent sur la performance web et la sobriété numérique, afin d’offrir des clés de réflexion sur la responsabilité sociétale des entreprises, notamment en matière d’usages numériques. Alors, où en sommes-nous ? Quelles sont les prochaines étapes, individuelles et collectives, pour transiter vers une société numérique plus responsable ?
Pour atteindre l'objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré supplémentaire, il est nécessaire de réduire progressivement les émissions de gaz à effet de serre. Cela implique de diviser par deux nos émissions chaque année d'ici 2030 soit une baisse de 7% annuellement. Ce qui est, selon Guillaume Thibaux, “réalisable”.
D’après une étude menée par l’Arcep, le secteur du numérique représente actuellement 3% à 4% des émissions totales, soit l'équivalent de l'ensemble de la flotte mondiale de camions et d'avions civils, et presque autant que la flotte automobile.
“Il s'agit donc d'un enjeu majeur, d'autant plus préoccupant que les émissions numériques augmentent de 8% chaque année”, souligne Guillaume Thibaux.
Bien que les centres de données regroupent des millions de serveurs, ce sont les équipements utilisateurs qui représentent la plus grande part des émissions. En effet, ils nécessitent une quantité considérable de métaux précieux et rares tels que le cobalt, l'indium et le tantale, qui sont présents en quantités minimes dans des tonnes de roches. “Il est nécessaire d’extraire près de 800 kg de matières premières pour fabriquer un ordinateur de seulement 2 kg, nécessitant des ressources énergétiques fossiles, des minéraux et des milliers de litres d'eau”, explique Morgane Lecomble, formatrice pour l’association 2Tonnes.
Le recyclage des appareils électroniques est d’autant plus compliqué que les matériaux sont miniaturisés et souvent mélangés et fixés de manière complexe. C’est malheureusement la raison pour laquelle on retrouve une grande quantité de déchets électroniques dans des décharges, notamment en Afrique, comme c'est le cas au Ghana.
Les efforts pour réduire l’impact du numérique sur l’environnement sont aussi bien individuels que collectifs. Lorsqu’on constate que 88% des Français changent de téléphone portable alors que l’ancien est encore fonctionnel, selon une étude menée par l’ADEME, il est évident qu’une lutte contre l’obsolescence psychologique est à mener.
Les entreprises peuvent et doivent jouer un rôle dans la sensibilisation aux enjeux environnementaux du numérique et encourager les efforts individuels et collectifs pour créer une prise de conscience. La stratégie RSE s’impose, depuis quelques années, comme une priorité pour les services RH. En effet, 2 Français sur 3 tiennent compte de la politique RSE d’une entreprise lorsqu’ils postulent, d’après une enquête publiée par PageGroup, en février 2023.
Au-delà des fonctions RH, ce sont l’ensemble des services de l’entreprise qui doivent être embarqués dans une logique plus responsable et engagée. “Nous sommes très sensibles à l’engagement RSE de nos partenaires”, nous confiait Aurélie Guyot, Directrice Marketing chez TUI France (cahier de tendances Les enjeux du paiement pour les retailers, Oney &lesBigBoss, 2022). Pour elle, “c’est un vrai critère de sélection, qui fait partie du cahier des charges à respecter lorsque l’on fait un appel d’offres. Les clients y sont eux aussi particulièrement sensibles.”
Les fonctions IT et Data sont, elles aussi, pleinement concernées par cet effort collectif. Un travail de lutte contre l’obsolescence technique est à mener. Cela passe par l’intégration d’une stratégie de sobriété numérique dès la conception des applications (calculez le score de sobriété numérique de votre site internet !), en privilégiant des solutions légères en calcul, faciles à charger sur des appareils plus anciens, et économes en transfert de données.
Le réchauffement climatique et les défis du numérique sont étroitement liés. Pour assurer un avenir durable, il est impératif de prendre des mesures pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, tant au niveau individuel qu'au niveau des entreprises et des politiques. La sobriété numérique, la réduction de la surconsommation et la transition vers des sources d'énergie plus propres sont autant de solutions clés pour relever ces défis interconnectés.
Alors que le Web3 émerge en tant que vision prometteuse dans le paysage numérique, axée sur la décentralisation, la transparence et l'autonomie des utilisateurs, se pose la question de sa compatibilité avec les impératifs du RSE. Comment parvenir à conjuguer cette transition vers un Web3 responsable avec les enjeux de durabilité, d'éthique et d'autonomie ? Trouver un équilibre entre ces deux perspectives nécessite une réflexion collective approfondie, une collaboration entre les différents acteurs du numérique et une volonté de repenser nos pratiques.