Cette semaine, OpenAI dévoilait GPT-4o, son “nouveau modèle phare qui peut raisonner sur l’audio, la vision et le texte en temps réel”. C’est encore une nouvelle avancée pour l’IA générative, de nouvelles possibilités pour ses utilisateurs, mais également de nouvelles interrogations. Vincent Caltabelotta nous en parlait lors de sa keynote à l’événement Digital Leaders Summit : « La question n'est pas de savoir si on travaillera encore en 2040, ni même comment, mais bien comment s’adapter pour créer une entreprise qui est hybride et augmentée, avec de l'humain et de l'hyper technologie hyper complexe. »
A la suite de la prise de parole de Vincent Caltabelotta, lors de l’événement Digital Leaders Summit organisé par lesBigBoss, une table ronde prestigieuse a rassemblé des décideurs de grandes marques pour tenter de répondre à cette question et explorer les enjeux et les opportunités liés à ces nouvelles technologies. Parmi les intervenants, on retrouve Erwan Deschamps, Chief Omnicommerce, Digital, Data & Information Officer de Celio, Vanessa Govi, Directrice de l'Innovation et de l'Expérience Client d’Ayvens, et Olivier Guilhot, Directeur Digital & CRM de KPMG. Sous la houlette de l’animateur Michel Picot, ces leaders visionnaires ont exploré les perspectives uniques offertes par l'IA, la Data et le Web3 et leur impact sur le monde du travail de demain.
D’après le baromètre 2024 IFOP pour Talan “Les Français et les IA génératives”, les utilisateurs estiment gagner 38% de productivité et d’efficacité grâce aux IA génératives. Vanessa Govi, Directrice de l'Innovation et de l'Expérience Client d’Ayvens, souligne en effet le gain de temps et d’efficacité permis par l’IA. Par exemple, l’outil lui permet “d’automatiser la lecture d’articles sur des sujets pertinents pour l’innovation”. La veille d’informations étant un véritable instrument de pilotage pour les entreprises, l’IA devient un élément stratégique. Plus encore, elle explique que l'IA générative permet l'automatisation de la rédaction de fiches de poste. En cela, cette nouvelle technologie représente un gain de temps considérable et offre un potentiel transformateur dans le domaine du recrutement. Olivier Guilhot revient lui aussi sur le gain de temps offert par cette technologie : “Chez KPMG, on a souvent des campagnes mondiales à décliner. Avant, on n’avait pas tellement le temps de le faire, maintenant avec l’IA, on peut les traduire, les synthétiser et les décliner sur l’ensemble de nos livrables.” Du côté de Celio, l’IA est actuellement testée pour optimiser les coûts des infrastructures IT, qui sont une importante source de dépenses pour les entreprises du retail. Paradoxalement, l’IA est également exploitée pour une tout autre expertise de la marque Celio : la première demande de formation et d'outillage en intelligence artificielle provient des équipes créatives.
En bref, il est assez clair à travers les témoignages et cas d’usage de nos trois intervenants que l’IA s’est imposée, en quelques mois, comme un super assistant pour l’ensemble des métiers. Qu’il s'agisse de booster l’innovation ou la créativité, de transformer les Ressources Humaines, ou encore d’optimiser les infrastructures technologiques, l’IA est devenue un allié de taille pour booster son business et la satisfaction de ses clients.
Si l’IA représente un accélérateur considérable pour les entreprises, son impact sur l’environnement suscite de nombreuses inquiétudes. Dans leur Référentiel des usages numériques, publié le 11 avril 2023, l’Arcep et l’Arcom estiment que la quantité de CO2 générée par le numérique “devrait atteindre 25 millions de tonnes en 2030 et 49,4 millions de tonnes en 2050 si rien n’est fait pour faire baisser la courbe”. Il est donc essentiel que les entreprises prennent conscience de leur impact sur l'environnement et s’engagent à diminuer ces chiffres.
Pour Olivier Guilhot, “l’IT et le digital polluent, mais la dématérialisation apporte aussi des choses positives. Faire une réunion en visio par exemple évite de générer du CO2 en se déplaçant”. Chez Celio, la supply chain a été entièrement digitalisée afin de mieux gérer les stocks pour une meilleure satisfaction client, mais également pour baisser l’empreinte carbone. Sur l’opérationnel, l’IA peut être utilisée pour optimiser la supply chain, pour la rendre plus écologique et plus performante. La Directrice de l'Innovation et de l'Expérience Client d’Ayvens est, quant-à-elle, convaincue que “l’IA permet d’apporter des éléments de réponse aux questions liées à la RSE”. Par exemple, Ayvens propose à ses clients une application, connectée à leurs agenda, pour proposer plusieurs options de moyens de transport pour se rendre sur leurs lieux de rendez-vous. Cette application, basée sur l’intelligence artificielle, a pour objectif de faire prendre conscience aux utilisateurs qu’ils ont le choix.
“Je pense que l’IA peut être un outil pour changer les comportements et diminuer notre empreinte carbone.”
Vanessa Govi, Directrice de l'Innovation et de l'Expérience Client d’Ayvens
« Dans le monde du web, il y a 20 ans, je devais convaincre les clients que l’usage d’internet n’était pas qu’une mode. Aujourd’hui, tout le monde est conscient que l’IA va changer beaucoup de choses. »
Olivier Guilhot, Directeur Digital & CRM de KPMG
Il y a eu ces derniers mois une véritable prise de conscience de l’importance de l’Intelligence Artificielle. A l’échelle internationale, l’IA fait partie de l’une des trois principales priorités tech pour 89% des dirigeants (le cloud et la cybersécurité étant les deux autres priorités), d’après l’étude « BCG AI Radar: From Potential to Profit with GenAI ». Pour Olivier Guilhot, il y aura à l’avenir une véritable différence entre les équipes augmentées qui auront adopté l’IA et celles qui ne l’auront pas fait, d’où l’importance d’“embarquer l’ensemble des équipes avec de l’acculturation et des cas concrets”. La véritable différenciation résidera dans la capacité des entreprises à revoir l'ensemble de leurs process pour combiner l’IA avec la data et l’automatisation.
“Comme je le répète à mes équipes en interne : “Stop excel, start excellence !””
Erwan Deschamps, Chief Omnicommerce, Digital, Data & Information Officer de Celio
Erwan Deschamps ne prône pas ici la disparition de nos tableurs. Il explique plutôt que ces derniers représentent une certaine forme de contrôle de la donnée et d’expertise. Or, il ne s’agit pas de penser par les chiffres, mais bien d’être orienté satisfaction client : “l’IA, la data, l’automatisation permettront d’optimiser la satisfaction client, mais cela passe tout d’abord par nos équipes en interne”. Il s’agit désormais de se concentrer sur les soft skills pour une efficacité optimale de l’alliance IA, data et web3 et une créativité plus étendue. Pour Erwan Deschamps, il est essentiel de mettre le comité exécutif dans des cas concrets de réalisation. Olivier Guilhot est également de cet avis. Pour lui, “le COMEX doit expliquer sa perception de l’IA et son objectif d’augmenter et non de remplacer l’humain”. Vanessa Govi conseille, elle aussi, aux entreprises de mettre l’accent sur l'éducation et l'acculturation pour tirer le meilleur parti de ces technologies, mais elle rappelle également l’importance de “partir du besoin métier”.
“La technologie n’est pas une fin en soi, mais un moyen. Observez votre business et demandez vous comment la technologie peut vous aider à atteindre vos objectifs. C’est là qu’elle sera vraiment génératrice de valeur !”
Vanessa Govi, Directrice de l'Innovation et de l'Expérience Client d’Ayvens
Finalement, l’IA, qui ne peut exister sans la data, offre des opportunités de transformation et de croissance évidentes, mais son adoption nécessite un engagement ferme et une vision stratégique. En mettant l'accent sur l'éducation, l'acculturation et l'alignement sur les besoins métier, les entreprises peuvent exploiter pleinement le potentiel de ces nouvelles technologies pour stimuler l'innovation et façonner l'avenir du travail.