Du sourcing des matières premières au produit fini, il y a de nombreux métiers qui constituent la supply chain : un levier vital et stratégique pour les entreprises. Reste que l’ensemble des acteurs cherche, naturellement, plus d’efficience dans le respect des nouvelles normes et réglementations, tout en misant sur une éthique professionnelle sans faille. La quadrature du cercle ?
Selon France Supply Chain, ce secteur emploie près de 2 millions de salariés en France, soit 10% de l’emploi du secteur marchand. C’est aussi 78 millions de m2 d’entrepôts, 10% du PIB et enfin 540 000 postes qui sont à pourvoir en 2022 (et certainement plus avec l’envolée des résultats du e-commerce en France). C’est dire si le secteur progresse vite !
Invité d’honneur de notre évent online consacré à la supply chain, le 28 mai 2021, Yann de Feraudy Président de France Supply Chain veut aujourd’hui convaincre l’ensemble des « métiers » à être plus éthique : du sourcing au produit fini en passant par le dernier kilomètre voire le retour du produit par le client. Mais comment faire ?
Aujourd’hui les entreprises doivent encore plus que jamais prendre conscience de l’origine de leur matière première, de sa qualité bien entendu et plus globalement de sa production. Elles en ont la responsabilité, la réglementation les y oblige, mais elles devront surtout accompagner une tendance de fond qui vient du consommateur final qui s’interroge : Comment et par qui est fabriqué le produit que j’achète ? Les réponses à cette question ont un impact direct sur l’acte d’achat final.
« Attention, les matières premières pour fabriquer des produits ne sont pas intarissables. Il faudra apprendre à consommer moins et mieux » nous prévient Yann de Feraudy, « et cela passera naturellement par la conception de produits dont la durée de vie sera plus longue et plus responsable. » Mais la question sur l’obsolescence programmée se pose depuis des années, sans réponse réellement concrète : « il faudra bien l’aborder et trouver des solutions, nous n’avons plus le choix » rappelle Yann de Feraudy, même si certaines initiatives ont été mises en place par de grands fabricants de produits électroniques.
Rendre les bâtiments à énergie positive qui pourraient ainsi produire de l’hydrogène qui servirait de carburant aux camions ? C’est une piste et c’est techniquement possible.
Pourquoi ne pas végétaliser les toits pour contrôler la température à l’intérieur des entrepôts ? Ici aussi nous avons le savoir-faire. Pourquoi ne pas utiliser des tracteurs électriques pour transporter les marchandises au sein même de l’entreprise ? Le groupe Yves Rocher le fait. Enfin pourquoi ne pas développer des machines capables d’adapter les cartons d’emballage à la taille du produit lui-même, et éviter ainsi de transporter du vide dans des camions avec des emballages trop grands. Cdiscount a investi dans ce domaine. Enfin accélérer la production d’emballages biodégradables, c’est aussi possible.
Les points d’amélioration ne manquent pas. Reste à définir la feuille de route. La loi apporte son lot d’obligations entraînant des coûts supplémentaires, mais ce sont tous les métiers du secteur qui devront coordonner leurs actions.
Sans rajouter des couches technologiques trop complexes et énergivores, des solutions existent où sont encore à imaginer et inventer. Le traitement de la donnée du sourcing au produit livré, reste une des clés qui s’ajoute aux moyens technologiques plus classiques permettant de rendre les entrepôts intelligents ou encore d’effectuer des livraisons peu gourmandes en énergie. Mais la principale difficulté reste, finalement, de convaincre tout le monde, d’avancer dans la même direction. « Mais c’est pour un monde meilleur. »