1. Le cadre légal du Esport
L’État ne cesse de manifester un fort intérêt pour l’encadrement et l’aide du développement des compétitions de jeu vidéo.
Le domaine du Esport ne cesse d’évoluer. La crise sanitaire a d'ailleurs renforcé son exposition, les plateformes de streaming ayant atteint de nouveaux records d'audience au cours des derniers mois.
Ainsi, l’Esport est l’un des secteurs de divertissement les plus lucratifs au monde, et ce plus que l’industrie de la musique et du cinéma réunis.
En France, l’Esport est encadré par la loi dite « loi pour une République Numérique » de 2016.
Cette loi, dont l’écho a été considérable dans le milieu du Gaming, a été complétée par deux décrets en 2017 :
- Le décret n°2017-871 du 9 mai 2017 relatif à l’organisation des compétitions de jeux vidéo qui précise notamment les conditions relatives à l’organisation des compétitions de jeux vidéo, les conditions quant à la participation des joueurs mineurs et prévoit certaines sanctions.
- Le décret n°2017-872 du 9 mai 2017 relatif au statut des joueurs professionnels de jeux vidéo compétitifs qui définit notamment les conditions nécessaires pour employer des joueurs professionnels.
Lors du salon de la Paris Games Week 2019, le secrétaire d’État chargé du Numérique, Cédric O, accompagné du ministre des Sports, Roxane Marcineanu, ont présenté leur « stratégie nationale de développement du secteur de l’Esport 2020-2025 ».
La Stratégie Esport 2020-2025 s’articule autour de 4 axes :
- Promouvoir le développement d'une pratique Esportive responsable et socialement valorisée ;
- Accompagner la création d'un parcours de formation pertinent, avec une attention particulière portée aux joueurs de haut niveau ;
- Mettre en place une politique de soutien au développement des acteurs français de l’Esport ;
- Mettre en valeur l'attractivité de la France, de ses territoires et de son écosystème de l’Esport, auprès des acteurs de la filière et des investisseurs.
2. La vente Ingame et le sponsoring
Deux nouveaux outils de monétisation dans l’industrie du Esport et du Gaming
• La vente Ingame : une modernisation de l’image des marques grâce à l’intégration de la marque au sein même de scènes du jeu vidéo
L’objectif est clair : toucher un nouveau public en rajeunissant l’image de la marque !
Cette année Gucci a vendu ses sacs virtuels sur Roblox. La popularité était telle qu’ils ont été revendus plus chers que les sacs physiques dont ils étaient inspirés.
C’était aussi le cas de la collaboration entre The Pokémon Company et Longchamp Paris visant à revisiter les sacs iconiques de la maison avec le célèbre personnage du jeu vidéo Pikachu.
Ou encore Louis Vuitton et League of Legends, Marc Jacobs, Valentino, Sandy Liang ou Gemo avec Animal Crossing, mais également d'autres marques, comme Nike et Addidas qui ont conclus des partenariats avec Fifa ou NBA 2K.
L’industrie de Esport et du Gaming est principalement financée par les marques. Il s’agit d’un nouvel outil pour la mise en valeur des partenariats et la monétisation des fans, qui peuvent acheter du merchandising directement via le jeu vidéo.
On parle alors de « Gameswear », c’est-à-dire la personnalisation des avatars de jeu vidéo avec les articles de la marque en créant ainsi un contenu plus dynamique susceptible d’attirer un plus grand nombre de consommateurs.
Ces partenariats posent plusieurs questions juridiques en termes de protection des droits de propriété intellectuelle, d’encadrement de la durée, des conditions financières de reversement, ainsi que de valorisation de la marque.
Une stratégie d’influence peut également être mise en place par la marque en concluant des partenariats directement avec le gamer sur les plateformes live streaming de jeux vidéo.
Le statut de l’influenceur (bien que ce terme ne soit pas adapté aux joueurs professionnels de Esport) est lui aussi désormais juridiquement encadré : la réglementation entre le statut de mannequin et de salarié est à manipuler avec précaution.- Le sponsoring Ingame : un nouveau business permettant aux marques de gagner en visibilité
Le sponsoring Ingame est également très prisé. Les sponsors sont des partenaires privilégiés particulièrement depuis la crise sanitaire avec l’interdiction des compétitions physiques.
La monétisation potentielle dans ce domaine est donc très forte.
Plusieurs secteurs, automobile et bancaire notamment, se sont engagés dans Esport. C’est le cas de BMW ou Renault qui ont conclu des partenariats avec des équipes Esport ou de Société Générale qui a associé son nom à Esport, à travers le club GamersOrigin.
Ou encore des clubs de football comme le FC Barcelone qui s’est lancé dans League Of Legends et rejoindra en 2022 la Superliga, plus haut niveau en Espagne de ce jeu vidéo phare de Esport.
Ces deux modes de monétisation dans l’industrie du ESPORT et du Gaming permettent :- D’atteindre plus facilement un public cible spécifique ;
- Ouvrir un nouveau canal de vente, les jeunes ont cessé d’utiliser la télévision pour regarder YouTube et Twitch ;
- Les parrainages d’ESport & Gaming permettent une plus grande personnalisation.
3. Les NFT s'introduisent dans l'univers du Gaming
Les NFT, ces fameux jetons non fongibles, permettent d’associer un objet à un jeton numérique infalsifiable grâce à une technologie d’authentification sur la blockchain. Ils confèrent un titre de propriété sur un objet numérique.
Dans les jeux vidéo, les NFT peuvent être utilisés pour gérer l’échange d’éléments uniques entre joueurs : le joueur achète des créatures virtuelles sous forme de NFT en Ether et il a ensuite la possibilité de les échanger ou les revendre afin d’y faire un profit.
Axie Infinity est le jeu le plus populaire en ce qui concerne l’utilisation des NFT. En juillet dernier, l’entreprise vietnamienne Sky Mavis, qui l’a développé, affirmait avoir environ 350 000 comptes actifs quotidiennement.
Mythical Games, qui a soutenu le développement de jeux célèbres comme Call of Duty, World of Warcraft, Guitar Hero, Marvel Strike Force et Skylanders a levé 150 millions de dollars qui seront utilisés pour financer l’intégration des NFTs dans les jeux.
Ubisoft investit également dans la blockchain et les NFT.
NCsoft fait le pari des NFT et prépare un premier jeu reposant sur la blockchain.
Les enjeux juridiques sont nombreux : quels droits pour l’acheteur du NFT ? L’achat d’un NFT emporte-t-il la cession des droits d’auteur ? Quels risques en matière de contrefaçon ?
Tant de questions auxquelles les professionnels du droit doivent y répondre pour accompagner au
mieux quiconque désirant inclure les NFT dans le Gaming !
4. Un nouvel horizon pour les jeux vidéo avec le "métaverse"
Le « métaverse » est devenu l'un des mots les plus en vogue dans l'univers de la tech du jeu
vidéo.
Il s’agit d’une réalité virtuelle augmentée qui permet aux développeurs de jeux vidéo de monétiser leur audience.
Le but ? Créer une deuxième dimension complètement virtuelle visant à établir de nouveaux échanges et interactions entre utilisateurs, ainsi qu’entre les marques et les futurs clients.
Epic Games, Unity et Roblox ont commencé à investir dans ce concept de métaverse.
Après Pokéon Go, Niantic dévoile un nouveau jeu Nintendo en réalité augmentée. Jouer a GTA San Andreas en réalité virtuelle bientôt possible !
The Sandbox, une plateforme de jeu basée à Hong Kong qui permet à ses utilisateurs de créer un monde virtuel à l'aide de NFT, a levé 93 millions de dollars auprès d'investisseurs dans un tour de table dirigé par SoftBank.
Microsoft compte porter ses jeux stars dans un metaverse 3D.
Des concerts en réalité virtuelle ont eu lieu sur Fortnite comme celui de Travis Scott ou de Ariana Grande.
Ce nouveau monde numérique soulève plusieurs questions juridiques, notamment en termes de droit à l’image et usurpation d’identité, responsabilité des plateformes, sécurité informatique et données personnelles.
Le cabinet JACOB AVOCATS est à l’écoute de ces enjeux liés au Esport et Gaming, nous sommes à votre disposition pour toutes questions relatives à ces divers domaines.
Julie Jacob & Marie Berreda.
