Entre data et Web 3, pourquoi choisir ? Il ne s’agit bien évidemment pas de trancher la question de manière définitive. Cela n’aurait pas de sens. Je préfère y voir une invitation qui nous est faite, à nous toutes et tous, professionnels du digital, à choisir nos combats pour les années qui viennent.
Les ressources naturelles ne sont pas les seules à être limitées : notre temps et notre attention sont tout aussi rares. Où concentrer nos efforts ? Sur quels sujets s’investir ?
D’un côté, donc, le Web 3, la grande révolution annoncée, qui devrait enfin permettre à Internet de tenir toutes ses promesses – originelles – en matière de décentralisation et anonymisation. Blockchain, cryptomonnaies, NFT, métavers, organisations autonomes décentralisées… Ce sont là des sujets qui passionnent, et font couler beaucoup d’encre depuis quelque temps. À raison ? Oui, cent fois oui ! Mais à ce stade, plutôt comme objet de réflexion philosophique qu’autre chose. Dans certains cas, ce sont les technologies qui ne sont pas encore matures. Dans d’autres, ce sont les usages qui n’existent tout simplement pas encore. Sécurité, volatilité… Le sol n’est pas encore stable.
Avoir raison trop tôt n'est jamais une bonne idée
Le cabinet Grand View Research estime que le chiffre d’affaires cumulé du métavers devrait avoisiner les 678 milliards de dollars d’ici 2030, c’est-à-dire demain. Dans le même temps, on apprend qu’un métavers dont la valorisation dépasse le milliard de dollars ne compte à l’heure actuelle que 44 utilisateurs actifs… Comment réconcilier ces deux chiffres ? Personne ne veut rater le train de la révolution technologique en marche, et c’est normal. Mais nous devrions aussi nous rappeler qu’en matière d’innovation, il est tout aussi dangereux d’avoir raison trop tôt que de rester sur le quai. L’histoire est pleine d’inventions géniales qui n’ont pas trouvé leur public, car trop en décalage avec les enjeux de leur époque, parfois à dix ou vingt ans près…
Le progrès est une affaire de patience
Face aux sirènes du Web 3, la data, les outils participatifs, l’intelligence artificielle… Tout cela sent-il déjà la naphtaline ? Je me méfie des effets de mode. Et surtout, je pense que nous n’avons pas encore tiré pour nos entreprises tous les fruits de ces technologies. J’irais même plus loin : nous n’avons fait qu’entrevoir le fantastique potentiel de la data. Car la data est par principe ancrée dans la réalité, et nous permet d’approfondir et d’affiner notre compréhension de cette dernière. Au Club Med, nous savons que notre base de données clients est un gisement de valeur inestimable. En utilisant intelligemment ces données, nous sommes en mesure de proposer une expérience toujours plus personnalisée, et donc toujours plus libératrice. C’est un premier pas. Mais au-delà, les objets connectés et le traitement de la data nous permettent également d’optimiser considérablement la consommation énergétique de nos infrastructures. À titre d’exemple, nous économisons entre 20% et 30% d’énergie dans nos resorts à la montagne depuis le lancement de notre programme automatisé de gestion thermique. Les exemples et les cas d’usage sont innombrables.
Car la crise climatique nous fixe un cap, et nous impose de mettre les outils digitaux au service de la transition. Le progrès n’est pas qu’une histoire de direction : il exige de la patience. Construire, et non renverser la table à chaque fois que l’occasion s’en présente. Ajuster, améliorer, transposer… Il reste tant à faire !
Redonner du sens à nos démarches d'innovation
Vous avez probablement une petite idée de mon choix. Referai-je le même dans cinq ans ? Dans dix ans ? Probablement pas, et c’est ce qui rend nos métiers si passionnants. À vous de faire le vôtre. Mais quel qu’il soit, mettons-nous d’accord dès aujourd’hui sur un point : notre métier consiste à innover à bon escient. À chercher à toujours mieux répondre aux besoins de nos clients, à leur libérer du temps, à leur offrir de nouvelles options, bref : à leur ouvrir de nouveaux horizons. C’est la voie que nous avons choisie au Club Med. Nous ne voyons pas les outils numériques comme un carcan de plus : pour nous, ils sont un ingrédient essentiel de l’esprit libre. Des outils pour se faciliter la vie. Toute notre démarche se résume en une expression : happy digital. Le numérique, mais au service du bonheur de chacun ! Notre façon particulière de donner du sens à l’innovation. Et vous, quel principe vous guide au quotidien ?
Par Quentin Briard, CEO Marketing Digital & Technology